Il y a un mois et demi, des grenobloises et grenoblois, qui ne voulaient pas laisser le sujet à la droite et à l’extrême droite, ont lancé une pétition pour que la délibération concernant la modification du règlement intérieur des piscines soit retirée. Le port du burkini sera de fait autorisé dans les piscines puisqu’il supprime toute notion d’ interdiction des maillots de bain d’une certaine longueur (article 10 de la délibération). La nouvelle rédaction satisfait les revendications communautaristes qui ont émergé il y a quelques années.
Militante féministe universaliste, attachée aux valeurs républicaines, j’ai signé cette pétition qui a recueilli 2668 signatures et dont le texte est reproduit ci-dessous.
Les signataires ont été conviés à venir échanger le 4 mai sur la suite à donner à cette pétition.
Avant que le débat citoyen sur la signification de l’autorisation du port du burkini dans les piscines gérées par les collectivités locales ne s’engage, Razika Adnani, philosophe et islamologue a expliqué en quoi « le voile, le burkini, est un problème qui ne concerne pas seulement les femmes ». Elle a d’ailleurs adressé il y a quelques semaines une  lettre ouverte à Monsieur Eric Piolle, maire de Grenoble expliquant pourquoi le voile ne peut pas être une liberté pour les femmes.
http://www.razika-adnani.com/lettre-ouverte-a-monsieur-eric-piolle-maire-de-grenoble-monsieur-eric-piolle-le-voile-ne-peut-pas-etre-une-liberte-pour-les-femmes/

La question du voile et du burkini est une question culturelle et politique qui ne se limite pas à la femme et la France. Le burkini dès sa création en 2003 rencontre un grand succès en Occident. C’est un retour en arrière qui s’opère dans la mesure où les femmes ont fréquenté les plages ou les piscines avant qu’émerge le sujet du voile et du burkini. Le féminisme islamiste, qui promeut une égalité entre les hommes et les femmes encadrée par l’Islam, s’est emparé du sujet dans les années 70.
Les discussions sur le voile dépasse nos frontières. La modernité d’un pays est indissociable de l’émancipation des femmes, mais cette modernisation des pays musulmans rencontre l’hostilité des conservateurs qui s’organisent en 1928 autour des frères musulmans. Ils vont imposer le voilement des femmes tout en leur laissant l’accès à l’espace public.
Le voile n’est pas étranger à l’homme,incapable de maîtriser ses instincts sexuels « Un corps sans esprit guidé par ses instincts ».
Une distinction s’opère ainsi entre les femmes respectées, celles qui portent le voile, et celles qui ne le sont pas car elles ne le portent pas.
Il n’y a pas de liberté de porter le voile, c’est un devoir religieux, peu importe l’endroit où il est porté.
C’est une question politique, les frères musulmans veulent s’imposer en occident, mais aussi religieuse, le port du voile n’est pas une prescription coranique. La plupart du temps, et c’est à déplorer, ce sont les commentaires des versets du Coran qui sont lus et non pas les versets eux-mêmes.
En conclusion, le burkini est la « version piscine du voile », C’est un sujet de discussion porté au-delà de nos frontières et qui ne concerne pas que les femmes. C’est un combat de civilisation.

Le texte de la pétition
Burkini, hijab : quels combats à Grenoble ?

Les revendications de l’Alliance citoyenne et les pressions qu’elle exerce sur la municipalité de Grenoble pour autoriser le port du burkini dans les piscines sont une attaque indirecte contre l’égalité femmes-hommes. Par ailleurs, la position du maire de Grenoble en faveur du port du hijab par les footballeuses pose question.

L’urgence n’est pas là !

Intéressons-nous plutôt aux questions essentielles : la conjonction entre fin du monde et fin du mois ; le refus des discriminations et l’exigence d’universalisme ; la relation entre individualisme et culture commune.

Un débat et un vote sont prévus en conseil municipal au printemps 2022.

S’agit-il de réfléchir sur la longueur du maillot de bain féminin ? Sur une question d’hygiène et de sécurité dans les piscines ? Sur la condition des femmes, leur liberté ou leur servitude volontaire ? Sur les valeurs communes qui nous animent ? S’agit-il aussi de se démarquer des pratiques adoptées dans les autres piscines de l’agglomération ?

  • Le changement du règlement des piscines conduirait à satisfaire les revendications d’un islam politique, c’est-à-dire d’une idéologie totalitaire et radicale.
     
  • De plus, autoriser le burkini ne répond à nul précepte du Coran, mais relève d’une idéologie sexiste qui soumet la femme au pouvoir de son père, de son époux, de son frère, ou du prédicateur, et qui fait du regard de l’homme un danger dont il faudrait la protéger.  
     
  • En outre, s’opposer aux exigences de l’Alliance citoyenne ne relève en aucun cas d’une prétendue islamophobie. Car il ne peut y avoir confusion entre isIam et islamisme. Il s’agit de refuser un communautarisme qui fait passer des revendications identitaires avant les principes républicains.
     
  • Enfin, accorder au port du burkini et du hijab une dimension libératrice et émancipatrice serait faire preuve de naïveté et d’aveuglement. Il nous faut refuser le piège tendu qui ouvre la porte à d’autres renoncements, à des accommodements au service de l’intégrisme, et surtout à la désunion des élus républicains.

En signant cette tribune, nous exprimons auprès des élus de Grenoble notre refus d’être complices de ces agissements politiques, et nous demandons la suppression de ce point de l’ordre du jour du conseil municipal.

L’enjeu social et politique est la reconnaissance de la diversité au sein d’une culture commune, celle de la République française.

Les initiateurs de la tribune/pétition :

Édith Aberdam, Sadok Bouzaïene, Jean-Marc Cantèle, Jean Caune, Françoise Criqui, Sylvie Ferry, Michel Gauthier, Murielle Igier, Martine Jullian, Marcel Klajnberg, Nadine Picca, Henri Touati.

https://emancipation2022.wixsite.com/emancipation


Rassemblement des signataires ce lundi 16 mai devant le siège de la métropole où se tient le conseil municipal

Des signataires de la pétition « Emancipation 2022 »