La série télévisée « Plus belle la vie » adopte un parti pris favorable
à l’exploitation du corps des femmes par la GPA (maternité de substitution)

La série télévisée « Plus belle la vie », diffusée sur FR3 est bien connue pour sa capacité à présenter les questions sociales avec nuance et une fine connaissance des sujets.

Depuis le 23 juillet, elle aborde la question de la GPA (maternité de substitution). Malheureusement, nous ne retrouvons pas leur justesse de ton habituelle mais un parti pris très grave. Il vise à rendre acceptable une pratique d’exploitation du corps des femmes, interdite en France et dans la plupart des pays d’Europe.

Pour présenter cette pratique de « location d’utérus » sous un angle socialement admissible, la série utilise plusieurs subterfuges :

  • Le recours au rôle d’une jeune femme médecin comme caution médicale, scientifique et morale, sous couvert de raisons humanitaires. Dans le scénario, elle valorise ainsi la fraude à la loi française et au code de Santé Publique.
  • La mise en avant d’une avocate brillante et spécialisée dans les causes justes comme mère d’intention. Pour assouvir ses propres désirs, sa volonté de parentalité à tout prix, humain et financier, elle apporte une caution juridique, ne respectant ni la réglementation française sur la maternité de substitution ni la déontologie de sa profession.
  • La banalisation du recours à la GPA par le biais d’arguments fallacieux. La jeune femme médecin se fait rassurante en évoquant uniquement des cas « où tout s’est bien passé ». Ces propos, comme tout ce qui a été récemment présenté dans les médias, s’appuient toujours sur des situations individuelles présentées comme positives mais masquant la situation réelle de la GPA dans le monde : un système d’exploitation des plus pauvres au profit des plus riches par le biais du tourisme procréatif, renouvelant les pratiques de trafic triangulaire en Asie, Afrique et « pays développés ».
  • L’utilisation des vieux poncifs sur le dévouement féminin ainsi que sur la nécessité de la maternité, arguments qui ont toujours été utilisés pour instrumentaliser les femmes au profit d’autrui.
  • La justification du trafic d’êtres humains. Le scénario prévoit le transfert de la mère porteuse britannique en France pour qu’elle y accouche et que l’enfant soit déclaré au nom de la mère d’intention qui a simulé une grossesse jusqu’à cette date. Cette pratique, dénoncée par les pays où elle sévit, porte un nom : il s‘agit du trafic de femme et d’enfant.

Que le scénario prévoie une pirouette pour esquiver, in fine, le dénouement de ce cas de recours à la « gestation pour autrui » qui se révèlera être une escroquerie, n’exonère pas la production de la série de sa responsabilité quant à la mise en avant médiatique d’un acte répréhensible parce que contraire au principe de non-commercialisation du corps humain.

Rappelons que la Rapporteuse spéciale des Nations-Unies sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, reconnaît, dans son étude sur la « gestation pour autrui » de 2018, que l’essentiel des conventions de GPA pratiquées, y compris dans les pays dits développés, ne sont rien d’autre que de la vente d’enfant, quels que soient les artifice juridiques employés : « la gestation pour autrui relève de la vente d’enfants dès lors que la mère porteuse ou une tierce partie reçoit une rémunération ou tout autre avantage en contrepartie du transfert d’un enfant » (art. 42).

La pratique de la maternité de substitution repose sur un système d’exploitation et d’instrumentalisation du corps des femmes et des enfants. En France, le Code civil l’interdit au nom de la dignité de la personne et des principes d’indisponibilité et de non-patrimonialité du corps humain : « Le corps humain est inviolable. Le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial » (art. 16-1) ; « Toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui est nulle » (art. 16-7).

Nous demandons donc que la production de « Plus belle la vie » rappelle, de façon explicite, l’interdiction de la GPA et évoque clairement les conclusions de la Rapporteuse spéciale des Nations-Unies citées plus haut.

Notre organisation, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution et les organisations féministes et en faveur des droits humains qui en sont membres ou la soutiennent, ainsi que des téléspectatrices et téléspectateurs choqué-e-s par le scénario, ont interpellé la production de la série télévisée et, faute de réponse, ont saisi le CSA et s’associent à ce communiqué de presse.

Premières organisations signataires

Amicale du nid
CADAC Collectif des associations poir le droit à l’avortement et à la contraception
Chiennes de garde
CNFF – Conseil National des Femmes Françaises
Coordination nationale de Osez le féminisme!
CQFD Lesbiennes féministes
Du Côté Des Femmes – DCDF
ELCEM
Encore féministes
Femmes libres / Radio libertaire
Femmes solidaires- Marseille
Forum Femmes méditerranée
Initiative Féministe Euromed IFE-EFI
L’Association Française des Femmes Médecins, AFFM,
La CLEF (Coordination française du Lobby Européen des Femmes)
La ligue du droit international des femmes
La Marche Mondiale des Femmes
L’Assemblée des Femmes
Le CEL de Marseille
Le CoRP -Collectif pour le Respect de la Personne
les VigilantEs
LFID – Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie
Libres MarianneS
Osez le féminisme ! 13
Osez le féminisme Vaucluse
REFH – Réussir l’égalité femmes-hommes
Regards de femmes
Réseau Féministe « Ruptures »
Zeromacho

Premières signatures individuelles
Laurence DUMONT (Députée socialiste du Calvados)
Henriette AUBAY (Militante des droits de l’enfant)
Françoise LAROCHE (Féministe – Var)
Dr Annie Laurence GODEFROY  (Médecin – militante féministe)
Dr Olivier MANCERON (humaniste pro-féministe)
Claire DESAINT (vice-présidente de REFH)
Fanny COHEN HERLEM (Psychiatre qualifiée en pédopsychiatrie- Travaille en Protection de l’Enfance)
Blandine DEVERLANGES
Patricia MORIN (avocate – Lyon)
Andrée SODJINOU (psychologue – Ile de France)
Marie Jo. BONNET (spécialiste de l’histoire des femmes)
Cécile BLUMENTAL
Nicole FOUCHE (Vice-présidente de REFH – Réussir l’égalité femmes-hommes)
Yvette ROUDY (ancienne Ministre des droits des femmes)