Je faisais partie de la délégation de Regards de Femmes qui assistait  hier, au Palais des Nations à Genève, à la conférence organisée en marge à la 35ème session du Conseil des droits de l’homme sur la question de « l’autonomisation économique comme moyen de lutte contre les discriminations faites aux femmes ».
A la tribune les ambassadeurs représentants permanents à l’ONU du Benin et du Bengladesh, la haut-commissaire adjointe des Nations Unis aux droits de l’homme, un représentant du Centre du Commerce International et un expert de l’OIT.

« L’autonomisation économique des femmes est l’engagement pris par la communauté internationale d’oeuvrer en vue de libérer le potentiel et les aptitudes des femmes en matière économique »
L’autonomisation économique permet d’ acquérir une indépendance financière, de s’insérer dans la société par le travail, d’acquérir des droits personnels pour sa santé ou sa retraite. Le potentiel des jeunes femmes dans le monde est trop fréquemment freiné (éducation dans la petite enfance, orientation genrée, non reconnaissance des compétences des femmes, retour de la téocratie).
Les violences faites aux femmes au travail comme obstacle à l’autonomisation économique. Le travail n’est pas un droit à part. Il fait partie de notre existence. Un travail sûr, digne ne peut pas être le privilège de quelques uns. L’Etat doit veiller à ce qu’il n’y ait pas de discriminations au travail. Les freins des filles sont en effet multiples. C’est ce que la haut commissaire adjointe des Nations Unis aux droits de l’homme appelle les « voleurs de parcours de développement ». Ce sont les mariages et les grossesses précoces, l’absence de scolarisation. Quand on sait que 20% des filles dans le monde sont mariées avant 18 ans comment compléter un parcours à l’école ?. Dénier des droits aux filles est un problème social, de respect des droits de l’homme mais aussi un problème économique. La violence conjugale est également un ennemi du travail des femmes, travailler à l’extérieur est source de menace.
Il faut faire évoluer les sociétés au delà du lieu de travail en impliquant les employeurs, les syndicats et les Etats.
Comment la formalisation de l’économie informelle peut contribuer à une meilleure autonomisation des femmes ? ou comment rendre visible le travail des femmes ? Pour cela le domicile privé doit devenir un lieu de travail. Le travail informel c’est celui qui est réalisé en dehors de la loi (travail domestique) ou lorsque la loi n’est pas appliquée ou ne protège pas. 91% des femmes de l’Afrique subsaharienne sont dans l’économie informelle. L’informel est une zone où le travail décent n’est pas réalisé. Un déficit de travail décent ce sont des droits du travail non respectés et donc des droits de l’homme.
Travailler dans l’économie informelle c’est vivre dans l’insécurité des revenus. « Plus on est soumis à des risques moins on est autonome. La maîtrise des risques est inhérente à l’autonomie ». Les déterminants de l’informel sont l’incapacité à créer des emplois formels, l’absence de qualification, les discriminations que constituent l’incapacité juridique et les responsabilités familiales. Il faut amener les personnes sous la protection de la loi pour leur permettre de percevoir des revenus plus élevés, de bénéficier d’une protection santé/maternité. Cela ne peut se faire sans l’aide des Etats : Il faut travailler sur l’environnement politique, institutionnel et législatif et sur les individus. Les femmes doivent apprendre à  s’exprimer pour elles-mêmes. Il faut aussi combiner des actions pour lever des obstacles particuliers. (Recommandation n°204 de l’OIT sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle).
Quel rôle pour les femmes dans le commerce international ? Il y a une dimension économique dans les droits de l’homme. Les économies qui intègrent les femmes ont une croissance plus forte. L’économie est plus compétitive, l’extrême pauvreté se réduit. Le commerce international questionne l’entrepreneuriat et les politiques à mener pour sortir les femmes de l’assignation au micro-entrepreneuriat : 90% des pays ont une loi qui discrimine les femmes dans le business (interdiction de la propriété notamment). Les procédures d’application des lois leur sont parfois défavorables. Le crédit est difficile d’accès. Les femmes ont moins de réseau pour le business à cause de la famille, des enfants, du manque de temps.
Le CCI a développer le programme « She trades » http://www.intracen.org/itc/women-and-trade/programme/
Les politiques commerciales doivent être regardées sous l’angle du genre, les achats publics doivent être plus largement ouverts aux jeunes entrepreneuses,  le droit de propriété doit être reconnu aux femmes et développer le réseautage.
L’ Europe témoigne de sa volonté d’aller dans ce sens.