J’assistais hier à la présentation du rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental : « Où est l’argent pour les droits des femmes ? », un rapport sans appel et novateur puisque le sujet n’a jamais été traité de cette façon.laurence-rossignol
Surprise par les constats ? Nullement puisque ce rapport souligne la faible contribution de la France à cette question tant au plan national qu’ international. Le budget des droits des femmes en France
c’est 28 millions d’euros, le plus petit budget de l’Etat même s’il a progressé de 50% ces dernières années. A ces crédits s’ajoutent ceux des ministère de la justice et de la santé ainsi que la politique familiale qui contribue à l’autonomie des femmes.
Les financements par les collectivités locales sont fragiles. Des suppressions de financements sont radicales et violentes : illustration en est donnée avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes ou Région et Département viennent de se désengager entraînant la disparition imminente du CIDFF de l’Isère dont le « dynamisme incontesté et incontestable » n’a pas suffit.
Certaines collectivités manifestent une « obsession idéologique » pour affecter les crédits consacrés à l’égalité au-delà de l’argument de la nécessité de réduire les dépenses publiques.
Les politiques publiques n’intègrent quasiment pas la dimension genre et des efforts doivent être faits en ce sens.
Michèle Perrot, Professeure émérite d’histoire à l’Université Paris-Diderot et militante féministe,  a parlé des femmes et l’argent dans l’histoire. Décidément l’histoire permet de comprendre bien des choses ! Un mur d’argent s’est construit entre les hommes et les femmes excluant les femmes de la propriété, de la circulation de la monnaie. La conséquence en est le rattachement des femmes au don, à la gratuité, à leur rémunération en fonction de leur statut.
Penser que si on prouve l’intérêt de nos actions on peut obtenir moyens est une erreur pour Danielle Bousquet la présidente du Haut Conseil à l’Egalité.
En matière de droit des femmes le bénévolat reste de mise mais ne suffit pas. Consacrer un budget qui permet de mener véritablement une politique d’égalité est une question de principe et de dignité. Intégrer l’égalité F/H dans les politiques publiques ne peut pas se faire à budget constant car il faut convaincre, former, réaliser des outils, mener des études et des évaluations. L’arsenal législatif est là mais les moyens humains et financiers sont largement insuffisants.
« Les actions en faveur des femmes ne peuvent pas être considérées comme un supplément d’âme ». L’heure n’est plus à la charité et au travail invisible. Il faut payer avec de l’argent et non plus seulement avec des mots. S’il est beaucoup question de politiques publiques, les financements privés ne sont pas oubliés. Ce sont des financements tels que ceux des fondations qui se concentrent sur des actions.
Les deux structures qui assurent la masse de  gestion des problèmes sont le Planning Familial et les CIDFF. Ce sont des structures anciennes qui doivent apprendre à communiquer, à expliquer aux jeunes comment elles se sont construites car nombreux sont ceux qui ne le savent pas et ne pas avoir le tabou de l’argent. Les associations qui se créent aujourd’hui doivent être responsables et se dire que « Tout n’est pas inventé à partir de soi ».
A la page 22 du rapport on peut lire : « L’égalité femmes-hommes reste un sujet fondamentalement politique qui oppose sur bien des points partis progressistes et partis conservateurs » « Les partis qui ne reconnaissent pas la problématique sont moins enclins à financer les actions… » Et de cela nombreuses sont les femmes qui comme moi  en sont convaincues.

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