Pascal Lamy, ancien directeur général de l’OMC, était le jeudi 26 juin l’invité du cercle de réflexion « Initiatives à Grenoble » lancé très récemment par Michel Destot député de l’Isère, pour une conférence-débat sur la place de la France dans l’Europe et le Monde.
Nous sommes entrés dans l’ère de la globalisation due notamment à l’impact des nouvelles technologies (réduction des distances, du coût des transports…)
Par ailleurs, le coût d’entrée sur un marché est plus faible qu’auparavant : il ne passe plus nécessairement par un processus de fabrication intégrée.
Le monde se transforme à toute vitesse. Cela remet en cause la supériorité de l’occident. Pour autant le retour en arrière n’est pas possible.
La performance plutôt bonne de l’Europe pour l’instant n’est pas garantie pour l’avenir.
L’Europe représente 7% de la population mondiale, 20% de l’économie et 50% de la dépense sociale mondiale. Nous sommes dans une économie sociale de marché, à savoir que l’on redistribue 50% de la richesse produite. Une croissance faible crée une tension sur la répartition de ces 50%. Il faut que notre productivité soit augmentée à moyen terme et que nous soyons plus efficace avec les mêmes moyens.
Les difficultés de la France ont commencé avec le premier choc pétrolier. Depuis cette période plus aucun budget n’a été présenté en équilibre et nous sommes rentrés dans une ère de chômage de masse.
Les raisons d’une performance médiocre de la France s’expliquent notamment par :
– Le regard des français sur leurs problèmes qui viennent toujours d’ailleurs
– et notre système institutionnel avec l’ élection du président de la république au suffrage universel dont nous attendons tout et qui ne peut pas tout. Dès lors que l’Etat va mal la performance économique de la France est impactée, contrairement à un pays comme les Etats-Unis.
Il faut changer ces spécificités même si nous ne reviendrons pas sur l’élection du président de la république au suffrage universel. La France a de nombreux atouts : image exceptionnelle dans le monde, tradition historique et culturelle. La France est le seul pays qui a une ambition pour le monde.
Néanmoins il faut vouloir peser sur la mondialisation et cela n’est possible qu’avec l’Europe, sauf à perdre notre identité.
Ce qui unit l’Europe c’est son identité économique et sociale. L’Europe est un mode de vie. Une majorité d’européens adhère à cette identité : chrétiens démocrates, sociaux-démocrates, écologistes et libéraux au sens européen du terme.
Les français sont pessimistes, pensent que demain ira mal aussi. Des réformes structurelles sont à faire mais il faut être convaincu que cela ira mieux après.
Il faut produire et ne pas uniquement parler de création d’emplois. Il faut se préoccuper de la dette car les taux d’intérêts finiront tôt ou tard par remonter. Il faut changer notre regard sur l’entreprise car la notion d’entreprise n’est pas dans nos gênes.
Et puis il y a l’harmonisation de la fiscalité européenne notamment celle de l’impôt sur les sociétés… mais les décisions sur ce point sont encore prises à l’unanimité.