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Colloque organisé le 13 octobre 2014 par l’association  « Regards de Femmes » dans le cadre de la 4ème quinzaine de l’égalité Rhône-Alpes.

Un état laïc garantit  la liberté de conscience, l’égalité entre les individus et l’impartialité du pouvoir.

Il ne peut pas y avoir de liberté et d’égalité sans laïcité. Il n’y a pas non plus de démocratie sans laïcité car en démocratie la loi est discutable alors que la loi divine ne l’est pas.  Le
citoyen ne se définit pas par sa religion.

La laïcité est un impératif. Elle doit être intransigeante. N’en déplaise au maire UMP de Conflans-Sainte-Honorine qui, à propos du risque de faillite de la crèche Baby-loup faute d’une subvention suffisante,  n’a pas hésité à déclarer dans le Figaro  « le combat pour la laïcité, ce n’est pas mon problème… »

La laïcité est la garantie de l’émancipation des femmes
Le poids des religions est responsable de la formation et du maintien de la hiérarchie patriarcale et de l’assujettissement des femmes. Les textes religieux comportent des constantes misogynes.  Les religions sont utilisées, encore aujourd’hui, par les hommes et les Etats pour posséder le corps et l’esprit des femmes et  se font le relai des discriminations qui les touchent.
C’est avec le recul du religieux que les droits des femmes ont avancé en Europe.
La laïcité favorise le rapport de force en faveur des femmes. Combats féministes et laïques  sont ainsi croisés.

Nous constatons une absence de réponse de l’autorité publique par manque de  convictions, cécité et électoralisme.
Le discours laïc est ainsi récupéré par Marine Le Pen qui ne manque pas de le pervertir.   Le Front National ne doit pas être le seul parti à avoir un discours sur la laïcité.
Le blocage à droite et à  gauche s’explique dans la mesure où la laïcité percute les sujets de l’intégration et du multiculturalisme. Le processus d’intégration est aujourd’hui rejeté, perçu comme post-colonial, comme une domination.  Le rapport  Tuot qui a fait débat  écarte l’idée d’intégration au profit de l’inclusion. Aujourd’hui on peut-être en dehors de la société dans laquelle on vit. Les personnes non intégrées deviennent des déracinés. La laïcité est un formidable levier d’intégration.
Avec le multiculturalisme on affirme que les cultures sont toutes égales en droit à l’intérieur d’une même société. C’est une remise en cause de l’article 1 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Les femmes sont les premières victimes du relativisme culturel et du multiculturalisme.
Nous assistons à un affaiblissement de l’ Etat et des normes, à la montée du libéralisme et à une économie qui cherche à échapper aux normes de l’ Etat. La libéralisation de la société profite à la libéralisation économique.

Nous assistons à un retour des identités face à la mondialisation et au vide politique. Or, L’identité ne renvoie pas à l’universel mais au singulier.

Un mouvement comme la manif pour tous est une nouvelle offensive contre la laïcité dont l’objectif est de réaffirmer un ordre moral d’ordre divin et non pas de défendre  les droits des femmes.

Le combat pour la laïcité se mène aussi à l’étranger
Par exemple en Pologne qui vit depuis 25 ans dans un pays à cléricalisation continue (loi sur la protection du sentiment religieux, déclaration de foi pour les médecins, refus du droit à l’avortement)  ;  Au Mali avec des femmes qui  disent non aux fondamentalismes religieux,  agissent pour le maintien de la référence à  la laïcité et la prévalence des  droits positifs sur les droits coutumiers dans un pays où la religion est encore une référence ; En Iran notamment depuis la révolution de 1979.

La tradition religieuse ne peut pas justifier des discriminations envers les femmes comme  l’a affirmé le Conseil de l’Europe le 23 juin 2010 : «  les femmes sont égales en tout aux hommes et doivent être traitées en conséquence, sans exception. La discrimination envers les femmes, qu’elle soit fondée sur des traditions religieuses ou non, est contraire aux articles 8, 9 et 14 de la Convention, à l’article 5 de son Protocole no 7, ainsi qu’à son Protocole no 12. Aucun relativisme religieux ou culturel ne saurait être invoqué pour justifier des violations de la personne humaine… »